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Auteur 

Christian Oster est né en 1949. Il a publié de nombreux romans aux Éditions de Minuit notamment Mon grand appartement (Prix Médicis 1999), Une femme de ménage (porté à l'écran par Claude Berri) et Dans la cathédrale

Source : https://www.ecoledesloisirs.fr/auteur/christian-oster

C'est ensuite aux Éditions de l'Olivier que paraîtront – entre autres – En ville et Le cœur du problème

Avec une régularité à la fois confondante et rassurante pour ses fans, il écrit pour les enfants, à l’école des loisirs, des recueils de contes peuplés de loups, d'ogres et de princesses, truffés de jeux de langue d'une logique imparable, semés d'aliments variés et d'objets de la vie quotidienne du XXIe siècle... 

Enthousiasmé par l'audace et l'inventivité des contes des frères Grimm, il n’a de cesse de rendre hommage au genre en se renouvelant à chaque fois. 
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Christian Oster, La Vie automatique
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Horla ? 

 

Une maison brûle : le narrateur, au lieu d’appeler les secours, temporise et regarde. A l’extérieur de sa maison, et à l’extérieur, semble-t-il, de lui-même. Spectateur de sa vie, hors, là… « C’est cette passivité qui comptait, dans laquelle je m’étais réfugié, ou investi… »
 

Résolument investi dans le néant, il se rend à Paris et s’installe à l’hôtel. Impliqué modérément dans ses rôles de comédien, il retrouve sur un tournage une actrice autrefois célèbre, France Rivière, qui l’invite chez elle. Là, il comprend que sa présence est requise par la surveillance de Charles, le fils de son hôte, atteint d’une mystérieuse pathologie psychiatrique, sur laquelle il échafaude quelques hypothèses plaisantes :


"Une sorte de tropisme, en somme. Quelque chose comme du japonisme. La manie, à tout moment, et de façon parfaitement inopinée, de s’envoler pour le Japon. Réflexe onéreux, pathologie lourde. Et moi ?"


Un voyage au Japon en compagnie de Charles constitue donc une nouvelle translation, sans plus de sens manifeste que les précédentes. Puis reprennent les tournages. Les scènes, décrites avec minutie et un humour subtil, illustrent le doute hyperbolique qui frappe les personnages :


"… en réalité on travaillait ensemble sur des vies qui n’étaient pas les nôtres, en tentant de les approcher comme si c’étaient les nôtres mais sans rien dévoiler de ce qu’étaient les nôtres, peut-être parce qu’en les dévoilant on aurait vu qu’elles ne nous appartenaient pas tout à fait non plus."


Au « trou noir » du passé s’oppose la surface blanche et lisse du présent, mimée par des mots qui n’absorberont rien… Ces mots, comme de petites perles, tissent une vie ténue, suspendue au fil têtu de la plume : « Jusqu’à preuve du contraire, c’est moi le fou. »

 

 

Christian Oster, La Vie automatique, éditions de l’Olivier, février 2017.

Gwenaëlle Ledot.

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Le dernier protagoniste de Christian Oster, un conférencier prénommé Simon, découvre un cadavre dans son salon. Sa compagne Diane quitte les lieux après avoir vraisemblablement tué l’homme (son amant ?) et part pour Londres. Le lecteur s’interroge, pas très longtemps d’ailleurs, avec le héros : pourquoi ce crime ? Et que peut-on faire de ce corps supplémentaire ?


L’ironie informe et soutient le texte : dans la vie, résolument quotidienne, de Simon, les tomates ne poussent pas ; les artisans n’envoient jamais les devis ; les rendez-vous de travail sont improductifs, l’éclairage municipal sous-budgétisé et l’accès à Ikéa très incertain. Le tragique et l’incompréhensible se dissolvent dans une routine insistante et des gestes automatisés. « On a beau faire. Un étranger, définitivement. »


Comment toucher « le cœur du problème » ? Le circonscrire ou tourner autour du pot ? Simon vit les petites choses de sa vie, espérant très vaguement quelque lumière. Le corps mort, tel une pièce de puzzle égarée, s’intègre imparfaitement à son quotidien. Il n’est jamais certain que ce cadavre soit la cause de l’entropie. Seulement le premier suspect, tel l’insecte de Kafka. Le monde avait-il davantage de sens avant ce corps absurde ?


Car « on fait parfois des choses incompréhensibles, n’est-ce pas ? » Paul, son meilleur ami, et Henri, gendarme à la retraite, promènent également leurs paradoxes, leurs histoires incertaines et biscornues dans un monde incomplet.


Un monde incomplet pour un nouveau Gregor Samsa : ce corps paradoxal ne manifeste rien d’autre que le vide. Et Simon, cerné de ces diverses silhouettes, restera seul : « La vie ne ressemble pas à grand-chose. »

 

Christian Oster, Le Cœur du problème, Editions de l’Olivier, août 2015.

Gwenaëlle Ledot.

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« A moins qu’il ne se fût agi d’une mousse… »

Quatre personnages masculins évoluent dans le dernier roman de Christian Oster : Georges, Paul, William et Jean (le narrateur). En 2008, les héros incertains de Trois hommes seuls étaient en partance. Dans le nouvel opus, ils restent. Et caressent sur une centaine de pages un projet plutôt flou de vacances en Grèce.

L’essentiel est ailleurs, ou nulle part. Dans la délicieuse insignifiance qui aplanit l’horizon romanesque ; l’écriture pose dans cet espace quelques personnages, « flous » eux-mêmes, et de petites choses qui envahissent. Ainsi, la première scène du roman est saturée, curieusement, par un dessert : « le gâteau, lui-même éventuellement mou, avec de la crème, à moins qu’il ne se fût agi d’une mousse, avec cette manie qu’ils ont tous maintenant de faire des mousses ». Plus loin, les pensées du narrateur circonviennent un panorama parisien, l’envisagent à l’infini, l’effleurent :

 

"Je me suis demandé cette fois si ça m’intéressait d’avoir la Seine dans mes fenêtres, et je n’ai pas su, j’aurais eu besoin de parler à quelqu’un, je crois, à quelqu’un qui ait eu une opinion sur la Seine, sur l’intérêt de vivre avec une vue sur la Seine…"

Jean travaillant dans l’édition avec un auteur astrophysicien, son existence professionnelle se trouve ponctuée par l’irruption inattendue de la planète Saturne :

 

"Tout était compliqué dans le système solaire, et au-delà aussi, bien sûr, et, comme il en était à Saturne et qu’il avait des soucis d’ordre privé, il bloquait sur Saturne, mais Saturne n’y était pas pour grand-chose."

 

La vie personnelle de Jean ne sera pas exempte de rebondissements et de drames, traités sur un mode identique : caresser l’existence, fluide, avec un désespoir, ou un non-espoir absolu qui n’empêche pas le sourire. Ecriture aérienne et, dans les douleurs mêmes, insoutenable légèreté d’une mousse littéraire.

"Moi, je préférais surmonter les choses. De toute façon, comme tout le monde, je n’avais pas le choix. Je croyais beaucoup à la distraction, à la lecture, au cinéma. La philosophie ne m’avait pas aidé."

 

Concentré d’existence émulsifié, où le drame reste à la surface. Sans autre choix.

 

En ville, Christian Oster, Paris, Seuil, 2013.

Gwenaëlle Ledot.

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